Programme de rencontres
Formes de vie posthumaines.
Perspectives critiques et socio-philosophiques
Deuxième semestre de l’année 2022-2023
EHESS, 54 bld. Raspail, 75006, Paris
Organisé par Mara Magda Maftei, LAP | UMR 8177 CNRS-EHESS[1]
Agnès Callu, LAP | UMR 8177 CNRS-EHESS
Pierre-Antoine Chardel, LAP | UMR 8177 CNRS-EHESS
en collaboration avec le LASCO IdeaLab de l’IMT et la revue Politique et Parlementaire
Ce programme de rencontres, décliné en quatre séances, à la charnière de l’anthropologie, de la sociologie, de la philosophie, de la littérature, se propose de donner la parole aux chercheurs en sciences humaines et sociales, ainsi qu’aux écrivains et aux artistes. Un des objectifs du programme est d’analyser la manière dont les écrivains et les artistes réagissent, par leurs propres instruments de travail, aux questionnements des théoriciens et apportent un nouveau type de connaissance, de sonder l’imaginaire des écrivains qui ont créés en marge des fictions environnementales, des fictions du devenir-animal, des fictions technologiques et biologiques.
Le programme part de la notion de forme de vie[2] fabriquée par le posthumanisme, courant de pensée qui fait place à une catégorie de vivant en mutation à laquelle correspond les humains modifiés par la technoscience, mais aussi le règne animal et végétal augmentés, l’intelligence artificielle qui co-existent avec les humains du point de vue cognitif et anthropologique dans un environnement matériel en voie de transformation (l’ère de l’anthropocène).
Ces multiples formes de vie, façonnées dans le Laboratoire ou objets à des multiples identités dispersées sur le Web, engendrent des questions éthiques et politiques qui inquiètent et font réfléchir les chercheurs et les créateurs. Ensemble, ils examinent les conséquences immédiates de cette « utopie » réelle dans laquelle nous vivons désormais.
Assistons-nous à une uniformisation et à une sous-veillance[3] de nos vies, ce qui impose des nouvelles formes de gouvernementalité afin d’encadrer nos identités biologiques et numériques et nos modes de vie en réseau ?
Non seulement les formes de vie sont modifiées, mais également l’environnement dominé auparavant par l’humain est en voie d’être bouleversé par différents changements climatiques, sociétaux, technologiques, politiques. La notion de vivant (si nous la pensons en des termes biologiques) ou la notion de l’être (si nous la pensons en des termes philosophiques) est en cours de mutation.
Ces considérations sont légitimement liées à une pensée anthropo-philosophique, qui se propose de réécrire[4] les frontières entre zoe (vie à moitié animale) et bios (discours politique sur la vie)[5]. Un nouveau couple bios/zoe naît de la notion de multiplicité spécifique du courant posthumaniste, il redéfinit les valeurs culturelles, éthiques et illustre les représentations au niveau de l’imaginaire du discours que nous analysons désormais.
Ce cadre théorique abrite les préoccupations qui ont données naissance à la zoopoétique, à l’écocritique, à la technocritique. Des nouvelles formes littéraires, des nouveaux canons artistiques articulés autour de la déconstruction du sujet, autour d’une pluralité de sens et d’interprétations nous amènent à réfléchir à la possibilité de synthétiser les formes de vie dans des modèlesesthétiques qui ont échappés à toute rationalité antérieure.
Par les stratégies narratives et plastiques qu’ils promeuvent et les formes littéraires comme artistiques inédites qu’ils véhiculent, les créateurs promeuvent une pensée cohérente contemporaine tissée autour des avancées technoscientifiques qui modifient le vivant.
Nous nous intéressons ainsi à des formes de vies différentes (robot, intelligence artificielle, animal, végétal) auxquelles les écrivains et les artistes donnent voix dans leurs œuvres de création en incorporant des connaissances interdisciplinaires.
Quatre séances organisées à l’EHESS, 54 bld. Raspail, en partenariat avec la revue « Politique et parlementaire » et avec le Laboratoire sens et compréhension du monde contemporain – LASCO IdeaLab de l’IMT
- Première séance Formes d’animalité – mercredi 15 mars de 16h à 19h – Salle du conseil B/BS1_05
Co-animateurs Mara Magda Maftei et Agnès Callu
- Dominique Lestel, École Normale Supérieure, Paris
- Emmanuelle Pireyre, Chimère (Paris, Éditions de L’Olivier, 2019)
- Camille Brunel, Après nous, les animaux (Paris, Éditions Casterman, 2020) et Ecatepec (Paris, Alma Éditeur, 2023)
- L’artiste Davor Vrankic
- Deuxième séance Littérature, art et environnement – mercredi 5 avril de 16h à 19h – Salle AS1_08
Co-animateurs Mara Magda Maftei et Agnès Callu
Invités :
- Nathalie Blanc, Directrice de recherche CNRS et directrice du Centre des Politiques de la Terre
- L’écrivain et universitaire, Vincent Message, Défaite des maîtres et possesseurs (Paris, Éditions du Seuil, coll. « Cadre rouge », 2015) et Les années sans soleil (Paris, Éditions du Seuil, 2022)
- L’artiste Fabrice Cazenave
- Troisième séance Réseaux et utopies – mercredi 24 mai de 16h à 19h – Salle du conseil B/BS1_05
Co-animateurs Mara Magda Maftei, Agnès Callu et Pierre-Antoine Chardel
Invités :
- Claire Barel-Moisan, CNRS, IHRIM, UMR 5317
- L’écrivain Nathan Devers, Les liens artificiels (Paris, Éditions Albin Michel, 2021)
- L’artiste François Réau
- Quatrième séance Anthropologie du vivant. Nouvelles formes de gouvernementalité – mercredi 14 juin de 16h à 19h – Salle AS1_08
Co-animateurs Mara Magda Maftei, Agnès Callu et Pierre-Antoine Chardel
Invités :
- Géraldine Aïdan, CNRS, Directrice adjointe du CERSA, UMR 7106
- L’écrivaine Céline Minard, Plasmas (Paris, Éditions Rivages, 2021)
- Jean-Baptiste de Panafieu, Extinctions. Le crépuscule des espèces, (Paris, Éditions Dargaud-Delachaux & Niestlé, 2021), L’homme est-il un animal comme les autres ? (Paris, Éditions La ville brûle, 2017)
- L’artiste Julius Horsthuis
[1] Contacts : magda.maftei@ehess.fr, agnes.callu@ehess.fr, pierre-antoine.chardel@ehess.fr
[2] Pour la notion de forme de vie voire Sandra Laugier & Estelle Ferrarese, Formes de vie (éd), CNRS Éditions, 2018.
[3] Notion introduite par Jean-Gabriel Ganascia qui insiste sur le fait que les risques d’asservissement subsistent en néolibéralisme, mais que les formes de servitude sont différentes.
[4] Voir la notion de « Zoo-futurisme » proposée par Dominique Lestel.
[5] Cf. Anneke Smelik & Nina Lykke (dir.), Bits of Life. Feminism at the Intersections of Media, Bioscience and Technology, University of Washington Press, 2008 (chapitre écrit par Rosi Braidotii, The Politics of Life as Bios/Zoe).