- Crises et critiques. 3
Séminaire de recherche organisé par Pierre-Antoine Chardel et Jan Spurk
Année universitaire 2016 – 2017
Le consensus, profondément établi entre les années 1980 et 2000 selon lequel « there is no alternative » (TNA, Thatcher) au projet de modernisation du capitalisme, s’est effrité. La « world governance » est bien incapable de développer un nouveau projet de société. Il s’est ainsi établi un profond malaise dans la société, un profond fatalisme et beaucoup de morosité. La société telle qu’elle est ne correspond pas aux désirs des individus, tandis que les diverses crises (sociales, économiques, politiques, écologiques, etc.) sont vécues comme une « crise érosion » omniprésente et non-maîtrisable.
Le vécu de la « crise érosion » provoque des critiques publiques très diverses ainsi que le développement d’une certaine autonomie intellectuelle. Mais cette autonomie dans l’acte de penser des avenirs possibles n’est pas en soi libératrice. Les avenirs sont ouverts et des avenirs autoritaires sont une possibilité. Les replis identitaires que l’on observe un peu partout dans le monde en sont un indice frappant.
On a également pu constater un certain renouveau de courants critiques au sein des sciences sociales. Leurs positions, leurs approches et leurs démarches sont cependant très disparates en ce qui concerne leurs références théoriques, leurs objets, leurs méthodes ainsi que leurs finalités. En outre, les positions critiques en sciences sociales ne correspondent ni aux profils des disciplines académiques ni au démarches interdisciplinaires établies.
Au cours de ce séminaire, il s’agira de rappeler que les théories critiques ne se satisfont pas de la dénonciation des souffrances et des frustrations vécues mais elles visent une compréhension des raisons pour lesquelles la société est devenue ce qu’elle est et pour lesquelles elle dispose d’un potentiel pour se dépasser et surmonter les impasses du temps présent.
Il s’agira ainsi de nous pencher sur :
- Les critiques publiques contemporaines : acteurs, objets et formes de leurs critiques, raisons d’agir, visions du monde, espaces publics
- Les théories critiques contemporaines en sciences sociales : argumentations et finalités
- La question de la conjonction (im)possible entre les critiques publiques et les théories critiques en sciences sociales.
- Les signes d’un renouveau de l’activité critique, empruntant non seulement aux théories critiques établies, mais aussi à la critique littéraire, à l’herméneutique contemporaine, aux humanités digitales etc.
Lieux : Institut Mines-Télécom (IMT / Télécom Ecole de Management), 46 rue Barrault, Paris 13è, Métro : Corvisart & FMSH, Maison Suger, Paris 5è, Métro : Odéon
Programme :
- Jeudi 10 novembre 2016, 17h-19h (IMT – TEM, salle E102) : Jan Spurk, professeur de sociologie à l’Université Paris Descartes (Faculté des SHS – Sorbonne) : Critiques et avenirs possibles
- Jeudi 8 décembre 2016, 17h-19h (IMT – TEM, salle E102) : Marie Goupy, maître de conférences à l’Institut Catholique de Paris et directrice de programme au Collège International de Philosophie : L’état d’exception ou l’impuissance autoritaire de l’Etat
- Jeudi 12 janvier 2017, 17h-19h (FMSH, Maison Suger): Alice Le Goff, maître de conférences en philosophie à l’Université Paris Descartes (Faculté des SHS – Sorbonne) : Thorstein Veblen et la critique sociale
- Jeudi 9 février 2017, 17h-19h (FMSH, Maison Suger): Mark Hunyadi, Professeur de philosophie morale et politique à l’Université de Louvain (conférence enregistrée ) : Quelle tâche critique de la philosophie dans le contexte de la neutralisation libérale du monde ?
- Jeudi 9 mars 2017, 17h-19h (FMSH, Maison Suger) : Juan Alonso Aldama, maître de conférences en sciences du langage à l’Université Paris Descartes (Faculté des SHS – Sorbonne) : Crise et incertitude : régimes sémiotiques de l’imprévisibilité
- Jeudi 6 avril 2017, 17h-19h (IMT – TEM, salle E102): Alice Canabate, sociologue, chercheure associée au Laboratoire de Changement Social et Politique de l’Université Paris Diderot: La critique au prisme de la réalité : vers un au-dela de la crise écologique
- Jeudi 11 mai 2017, 17h-19h (FMSH, Maison Suger): Pierre-Antoine Chardel, professeur de philosophie sociale et d’éthique à l’Institut Mines-Télécom (IMT / Télécom Ecole de Management) : Crise de mots et lignes de résistance
- Crises et critiques. Espace public et représentations sociales à l’ère numérique. 2
Séminaire de recherche organisé par Pierre-Antoine Chardel et Jan Spurk
Année universitaire 2015-2016
Dans la continuité du séminaire de l’année dernière, et de l’ouvrage paru en juillet 2015 Espace public et reconstruction du politique (Presses des Mines), nous nous pencherons sur les dynamiques qui favorisent ou, au contraire, entravent les processus d’émancipation individuelle et collective, en analysant l’impact des représentations qui les sous-tendent. Dans une démarche à la fois critique et herméneutique, il s’agira tout d’abord d’interroger les représentations dominantes de ce qui est nommé la « crise » (dans ses dimensions sociale, politique, économique et écologique), en insistant sur le fait que ces représentations tendent encore souvent à freiner l’imaginaire créatif ainsi que l’émergence de nouveaux modes d’agir. D’autre part, à l’heure où les espaces publics sont singulièrement redéfinis par des médiations numériques, nous nous donnerons pour tâche de déceler l’émergence de discours émancipateurs aptes à bousculer certaines inerties sociales, en proposant une analyse des discours accompagnant le développement technologique qui met singulièrement en question les distinctions entre public et privé, pouvoir et société civile : quelles nouvelles pratiques sociales et politiques sont dès lors susceptibles d’émerger ? En quoi constituent-elles d’éventuelles ruptures ou mutations du point de vue des imaginaires collectifs ? Quelles grammaires de nos espaces communs se dessinent aujourd’hui?
Programme des séances 2015-2016 (pdf)
- Crises et critique. Espace public et représentations sociales à l’ère numérique. 1
Séminaire de recherche organisé par Alice Canabate, Pierre-Antoine Chardel, Marie Goupy, Jan Spurk
Année universitaire 2014-2015
Dans la continuité du séminaire de l’année dernière (« Pratiques sociales et émergence de sens »), nous nous pencherons sur les dynamiques qui favorisent ou, au contraire, entravent les processus d’émancipation individuelle et collective, en analysant l’impact des représentations qui les sous-tendent. Dans une démarche à la fois critique et herméneutique, il s’agira tout d’abord d’interroger les représentations dominantes de ce qui est nommé la « crise » (dans ses dimensions sociale, politique, économique et écologique), en insistant sur le fait que ces représentations tendent encore souvent à freiner l’imaginaire créatif ainsi que l’émergence de nouveaux modes d’agir. D’autre part, à l’heure où les espaces publics sont singulièrement redéfinis par des médiations numériques, nous nous donnerons pour tâche de déceler l’émergence de discours émancipateurs aptes à bousculer certaines inerties sociales, en proposant une analyse des discours accompagnant le développement technologique qui met singulièrement en question les distinctions entre public et privé, pouvoir et société civile : quelles nouvelles pratiques sociales et politiques sont dès lors susceptibles d’émerger ? En quoi constituent-elles d’éventuelles ruptures ou mutations du point de vue des imaginaires collectifs ? Quelles grammaires de nos espaces communs se dessinent aujourd’hui ?
- Pratiques sociales et émergence de sens
Séminaire de recherche organisé par Pierre-Antoine Chardel, Jean-Marc Salmon & Jan Spurk
Année universitaire 2013-2014
Dans le cadre de ce séminaire, nous nous pencherons sur les conditions d’émergence du sens à l’heure où les subjectivités, les rapports intersubjectifs, les organisations et les espaces politiques sont l’enjeu de mutations importantes, notamment avec l’expansion du numérique. Les phénomènes de désorientation et de perte de prise qui en résultent sur le réel sont connus. C’est pour cette raison que nous mettons au centre du séminaire les possibilités de développement des subjectivités, de leur autonomie et des hétéronomies nouvelles. Quel sens donnent les acteurs à leurs agirs ? Quels rôles jouent les médiations numériques et non-numériques. Quels rapports sociaux se dessinent ? L’enjeu central de ce séminaire est d’identifier et d’interroger les conditions de création de sens et de re-subjectivation dans des (nouvelles) pratiques politiques, esthétiques, technologiques et herméneutiques. Quelles grammaires de nos espaces communs se dessinent aujourd’hui? Quels changements de forme interviennent dans nos pratiques sociales de l’écriture, des images, des écrans et, plus amplement, de nos univers médiatiques complexes? Enfin, quelles quêtes de sens sous-tendent ces pratiques ?